A priori, rien ne destinait Jean Van Hamme à devenir le scénariste le plus lu de la bande dessinée franco-belge actuelle. Rien si ce n'est une indéfectible envie de raconter des histoires ! À tel point qu'il abandonne une brillante carrière d'ingénieur commercial, au sein de diverses multinationales. Avant cela, en 1968, Jean Van Hamme avait toutefois réussi à ramener l'un des maîtres de la BD, Paul Cuvelier, à sa table à dessin en signant pour lui différents scénarios.
Une expérience concluante, qui l'entraîne à multiplier les collaborations avec les plus grands dans les années qui suivent. Au fil des ans, Van Hamme signe un nombre incroyable de séries, qui deviendront autant de succès retentissants. Il est capable de passer du folklore nordique de « Thorgal » à l'espionnage moderne de « XIII » ou « Largo Winch », ou de reprendre avec brio un monument tel que Blake et Mortimer.
Très éclectique, il creuse pourtant certaines thématiques au sein d'une oeuvre des plus denses : ainsi, ses héros le sont souvent malgré eux (Thorgal, Histoires sans héros), accrochés par un univers hostile (Thorgal, Largo Winch, Rani) ou une quête d'identité (XIII, Western) persistante. Si, aujourd'hui, il entend se consacrer davantage au roman, au théâtre et à la télévision, Jean Van Hamme reste une pierre angulaire du 9e art.
En attestent ses multiples prix et autres décorations officielles, et son activité de président du Centre Belge de la Bande Dessinée.
Né en France en 1956, mais vivant depuis son enfance en Belgique, Philippe Berthet fréquente l'école des arts graphiques Saint-Luc où il suit les cours de l'Atelier « R » dirigé par Claude Renard. Ses condisciples sont Andreas, Cossu, Foerster, Schuiten, Sokal, Goffin...
Parallèlement, il profite de l'enseignement d'Eddy Paape, dessinateur de « Marc Dacier » et de « Luc Orient ».
Ses premiers travaux sont publiés dans Curiosity Magazine, Aïe ! et Spatial, mais le grand démarrage a lieu en 1980 avec la parution, dans Spirou, de Couleur café (scénario : Andrieu). Les germes du talent « classique-moderne » de Berthet y sont déjà présents. En 1981, en duo avec Cossu, il crée « Le marchand d'idées », une série de science-fiction accueillie par Circus.
En 1983, il fait la jonction entre le polar américain et les années 1950 grâce au Privé d'Hollywood.
Les enquêtes d'Hippolyte Fynn, un détective naviguant dans le milieu hollywoodien, sont scénarisées par Rivière et Bocquet. Le dessin de Philippe Berthet devient précis, cherchant des lignes de fuite inédites et usant de cadrages très cinématographiques. Suivent des albums scénarisés par Andreas, Foerster et David. Sur la route de Selma (1991), un puissant thriller antiraciste scénarisé par Tome, paraît dans la collection « Aire Libre ».
Pour le même label éditorial, il franchit un nouveau cap en signant Halona, son premier album solo.
En 1994, son dessin de ligne claire, aux cadrages et éclairages très étudiés, magnifie les scénarios de Yann pour la série « Pin-up », évocation romancée de l'univers des pin-up ornant les carlingues des forteresses volantes américaines pendant la Seconde Guerre mondiale et de Bettie Page, la reine des photos légères des années 1940-1950.
Chercheur perfectionniste, soucieux d'ouvrir de nouveaux horizons, le dessinateur attaque Chiens de prairie (1996), un western imaginé par Foerster.
Berthet s'impose comme un auteur incontournable et participe, en 2009, au cycle XIII - Mystery en développant le personnage d'Irina sur un scénario de Corbeyran. Même s'il n'abandonne pas l'idée d'à nouveau officier en tant qu'auteur complet, il continue à s'associer avec différents scénaristes : Duval (Nico), Hautière (Perico), Zidrou (Le crime qui est le tien), Runberg (Motorcity), Raule (L'art de mourir) et Fromental (Borderline).
Dans « Pin-up », comme dans la plupart de ses albums, Philippe Berthet croque, avec brio et volupté, des femmes vénéneuses aux formes généreuses qu'il transforme en héroïnes ou en victimes.
Elles sont en général américaines et référentielles. Dans Ladies, Berthet explore d'autres continents de la féminité, en toute liberté, pour notre ravissement.