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Souvent on a voulu voir et juger la foi de Paul Claudel, tel un bloc sans faille, définitivement établie depuis sa conversion. Mais c'est là une image d'immobilité qui selon M. Jacques Andrieu ne s'applique pas plus à Claudel qu'à tout autre créateur. Aussi arrive-t-il à discerner une évolution dans la religiosité claudelienne dont il voudrait montrer les lignes de force Dès lors on comprendra qu'il ait engagé son investigation au niveau de ce que depuis quelques années il est convenu d'appeler l'expérience vécue. L'ouvre de Claudel, en effet, n'est pas seulement une ouvre d'imagination, mais encore la transposition d'une expérience de vie. Sans avoir rien de l'impudeur de certains journaux intimes, elle nous permet d'assister au surgissement et aux développements de la foi dans l'âme d'un homme. Dès lors, l'auteur s'est moins attaché à une pure étude de sources qu'à un essai de reconstitution psychologique, ce qui l'a amené à rapprocher l'expérience religieuse de Claudel de quelques grandes expériences humaines, comme celles de Pascal et Kierkegaard. Le fait que ces auteurs ne soient pas des sources directes de Claudel ne les empêche peut-être pas d'avoir une parenté d'âme profonde avec lui. A l'égard d'un auteur aussi réfractaire à l'analyse littéraire que Claudel, M. Andrieu a voulu concilier les droits de la critique historique avec le respect de cette totalité indissoluble que forme la vie de tout homme de génie.