On raconte qu'un homme, sorti de sa maison, abandonne un livre puis descend la colline, sans se retourner. Reste la femme. La femme qui n'a pas de nom,... > Lire la suite
On raconte qu'un homme, sorti de sa maison, abandonne un livre puis descend la colline, sans se retourner. Reste la femme. La femme qui n'a pas de nom, qui se tient à son tour devant la pente raide et la terrible absence comme devant les ténèbres. Cet abandon brutal, qui entraîne dans sa chute la maison, c'est la figure de l'homme qui est lui-même tombé, a déserté la terre et tous ses habitants, et sa propre parole. Or on comprend aussi par la bouche de la femme que l'écrivain lui-même questionnait dans son livre l'inéluctable fin de la terre et des hommes. Tel avance le récit dans cette boucle - plus fermée et plus noire qu'un obscur labyrinthe -, où la femme proclame la fin des paysages, tandis qu'en arrière-plan une polyphonie macabre, sans corps et sans visages, confirme calmement l'absence de territoires, l'opacité du monde et l'effacement fatal et progressif de l'autre.