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Haut-Commissaire de la République Française au Vietnam en 1953, le gouverneur général Georges Gautier a été, de 1940 à 1945, le premier collaborateur civil de l'amiral Decoux. Cette circonstance confère un intérêt particulier à ses souvenirs : la lumière est faite sur les derniers mois de la souveraineté française en Indochine. Avant le 9 mars 1945, malgré la présence des troupes japonaises sur le sol indochinois, l'amiral Decoux réussit à maintenir la Fédération dans la paix et le travail. Mais les radios alliées annoncent complaisamment que l'Indochine sera libérée de vive force. À l'intérieur, conformément aux instructions du Gouvernement d'Alger et de Paris, et à l'insu de l'amiral Decoux, une résistance est organisée sous les ordres du général Mordant, ancien commandant supérieur. L'Indochine aura désormais deux chefs, l'un apparent, l'autre clandestin, le premier recevant officiellement pour mission de couvrir les activités du second. On cherche, en somme, le conflit. Les Japonais finissent par s'en apercevoir et c'est le 9 mars 1945, le coup de force qui suspend en Indochine, avec la souveraineté française, toute administration valable. La Résistance s'est effondrée en quelques jours et, dès le 10 mars, elle implore pour subsister le secours des Alliés qu'elle prétendait aider. En vain, car les Américains, qui mènent le jeu, apportent aide et soutien à un chef communiste, Ho Chi Minh, contre qui ils seront amenés à engager, quelques années plus tard, et sans succès, la totalité de leur puissance. Après le 9 mars 1945, le champ est libre pour les révolutionnaires qui attendaient prudemment, en territoire chinois, aux frontières de l'Indochine, le moment d'y susciter le désordre. On connaît la suite. D'erreur en erreur, la situation évolue au profit du Viet Minh, avec qui il faut bien traiter. Il en résultera une guerre interminable, une guerre que ni la France ni l'Amérique n'ont su gagner. Les choses pouvaient se présenter différemment. Un document sensationnel, cité par Georges Gautier, montre que Roosevelt envisageait la possibilité de confier à la France l'exercice d'un mandat international sur l'Indochine, dans la perspective d'une indépendance des États à l'échéance de 10 ou 15 ans. Ce que la France a réalisé en Côte d'Ivoire et au Cameroun, ne pouvait-elle le réussir en Indochine ?