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Après plusieurs décennies de réformes scolaires, le scepticisme règne : même leurs promoteurs reconnaissent qu'elles ont échoué. La démocratisation n'a pas eu lieu et les nouvelles pédagogies sont impopulaires auprès des pédagogues. Mais ces autocritiques n'ébranlent pas les vieilles croyances : tronc commun, décentralisation, augmentation du nombre des diplômés. Ce qui change, ce sont les comportements des usagers de l'école : sous leur pression se forment, et se renforcent, des bastions protégés - grands lycées ou universités sélectionnistes, grandes écoles. Personne n'ose contester l'enseignement de masse, mais chacun s'efforce de lui échapper. Cette contradiction n'a rien de spécifiquement français : la coexistence d'un enseignement pour tous, aux critères de plus en plus incertains, et d'établissements élitistes, est presque la règle universelle. Le problème est plutôt de savoir si la France pourra faire exception, en préservant une école qui ne demeurera un instrument d'unité civique, qu'en maintenant ses exigences propres. Le présent essai met en lumière ce qui a fait l'originalité du modèle français, analyse la dynamique réformatrice qui a conduit aux difficultés actuelles, et explore les possibilités de sortir de l'ornière. Il montre que la démocratisation de l'école est une illusion, et un échec, quand on la poursuit sans égards aux conditions de survie de l'enseignement lui-même. Chacun admet aujourd'hui que la justice sociale n'est pas possible sans l'efficacité économique. De la même manière, la démocratisation culturelle doit être attentive aux conditions de survie de la culture. Cette vérité simple est encore à faire admettre.