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La place du spectateur serait-elle devenue floue et précaire du fait des implications de l'art contemporain et de l'omniprésence des industries et de la consommation culturelles ? N'existerait-il donc qu'un seul modèle de spectateur, désormais perdu, maintenu seulement chez quelques nostalgiques ? Répondre à de telles questions n'est possible que si on clarifie d'abord quels sont les modèles de spectateur, longtemps dominants, à partir desquels nous jugeons le présent. Et si on se demande dans quelle mesure l'art contemporain les oblige à se modifier. Cette clarification est entreprise dans cet ouvrage qui présente les linéaments d'une histoire culturelle et philosophique du spectateur du XVIIIe siècle à nos jours. Il s'attelle d'abord à la question de savoir comment et avec quelles implications les philosophes européens ont participé à l'édification de la figure classique du spectateur des ouvres culturelles. Il rend ainsi compte de la manière dont un certain nombre de philosophes ont élaboré et légitimé les canons et les convenances correspondant à l'attitude souhaitable du spectateur face à ce qu'ils ont décidé de nommer Art. Dans un deuxième temps, il explore la manière dont d'autres philosophes ont déstructuré cette figure, à partir des mutations imposées par l'art des avant-gardes. Il rend compte de la figure du regardeur moderne. Enfin l'ouvrage examine la manière dont nous pouvons nous situer philosophiquement par rapport à ces figures classique et moderne du spectateur, en prenant pour point d'appui l'art contemporain. Cette histoire culturelle et philosophique du spectateur, dans le cadre européen, nous enseigne au moins ceci : nul n'est spectateur en soi. On devient spectateur en rapport avec des ouvres, et la configuration que l'on prend peut changer. Ce que nous montrent finalement les philosophes, c'est que devenir spectateur ne suppose ni un don du ciel, ni un don de la nature, une formation doit être mise en ouvre. Mais plusieurs modèles de formation sont possibles et les différents formations peuvent entrer en polémiques les unes avec les autres faisant droit à une communauté esthétique éclatée et conflictuelle et à une histoire du sensible portée et transformée autant par les spectateurs que par les ouvres d'art. Christian Ruby, docteur en philosophie est l'auteur de nombreux ouvrages : L'interruption, Jacques Rancière et la politique, Paris, La Fabrique, 2009 ; Devenir contemporain ? La couleur du temps au prisme de l'art, Paris, Editions Le Félin, 2007 ; L'âge du public et du spectateur, Essai sur les dispositions esthétiques et politiques du public moderne, Bruxelles, La Lettre volée, 2006 ; Schiller ou l'esthétique culturelle. Apostille aux Nouvelles lettres sur l'éducation esthétique de l'homme, Bruxelles, La Lettre volée, 2006 ; Nouvelles Lettres sur l'éducation esthétique de l'homme, Bruxelles, La Lettre volée, 2005.
Docteur en philosophie, enseignant, enseigne à l'Observatoire des politiques publiques (Grenoble), au sein de la PAC (formation des médiateurs culturels, Belgique), Directeur de la revue Raison présente