Un établissement étrange pour commencer, un genre de décharge sociale, une réserve de clones auxquels on prélève les organes dont on a besoin à... > Lire la suite
Un établissement étrange pour commencer, un genre de décharge sociale, une réserve de clones auxquels on prélève les organes dont on a besoin à l'extérieur, avec ses exclus, ses reclus séparés des autres, tous ceux qui dans leur existence précédente ne cessaient de les contraindre et de les harceler : « le Centre ». On y voit passer quelqu'un qui pourrait bien être la représentation abîmée du marquis de Sade, seule conscience peut-être des enjeux politiques de la situation de violence et de confusion qu'une accélération des processus d'accumulation capitalistique a entraînée au-dehors. Mais c'est la figure de Makhno, cet anarchiste russe, un moment allié de l'Armée rouge puis finalement contraint à l'exil, qui domine le livre, par son évocation d'abord et par la référence qui lui est faite dans la dramaturgie même de ce roman : une pensionnaire, Laïka, « la fiancée de Makhno », qui semble sortie de cette époque et avoir été mise comme en attente, va s'enfuir, et tenter de rejoindre les bandes insurgées qui essaient d'organiser la résistance. Mais « des bribes greffées sur le corps traité resurgissent, mêlant des outils de propagande aux souvenirs amoureux » et elle erre dans les campagnes, sans repère, se guidant au gré de rencontres pas toujours heureuses, luttant contre la famine et tous les dangers d'un monde dévasté. Un homme, son presque frère, un autre pensionnaire du Centre, la recherche en vain.