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Des Français orgueilleux, des femmes luxurieuses, des gens du peuple ivrognes et paresseux, des courtisans cupides et envieux, des souverains sodomites : telles sont, entre autres, les figures récurrentes d'une véritable fabrique de la morale à l'ouvre en Bretagne entre les xiie et xve siècles. En faisant de ce duché un laboratoire d'observation privilégié, ce livre reconstruit les modalités par lesquelles l'Église et l'État mettent en place les normes morales essentielles à la définition et à la consolidation d'un ordre politique et social. En s'appuyant sur le concept de péché et en l'adaptant aux différents contextes, ces institutions forgent des identités d'exclusion à partir de la religion, de la nationalité, du statut social, du genre ou de l'âge, qu'elles médiatisent dans l'espace public par une pluralité de discours. La fabrique de la morale devient ainsi une arme de culpabilisation des sujets bretons, mais aussi un instrument de stigmatisation d'une altérité menaçante, visant à justifier l'obéissance aux pouvoirs établis. Fondé sur des concepts transdisciplinaires et des sources variées (productions juridiques, ouvres de pastorale, textes littéraires, sculptures), cet ouvrage est destiné aussi bien aux historiens et chercheurs en sciences sociales qu'à tout public soucieux de saisir les ressorts de la domination idéologique au Moyen Âge.