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La divine. Le roman de Sarah Bernhardt

Prix Ouest (Terres de Montaigu)
  • Robert Laffont

  • Paru le : 07/04/2011
Sarah Bernhardt... Rien de plus mouvementé, de plus passionné, de plus gai et de plus fou que cette vie-là. Si elle avait suivi le destin de sa mère... > Lire la suite
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Sarah Bernhardt... Rien de plus mouvementé, de plus passionné, de plus gai et de plus fou que cette vie-là. Si elle avait suivi le destin de sa mère et de sa tante, elle eût été courtisane. Mais, gamine, elle avait déjà trop d'orgueil : elle voulait régner. Selon les canons de l'époque (qui aimait les rondeurs), elle n'était pas belle. Mais elle avait un éclat, un regard, une voix incomparables, et un caractère de feu.
Avec un appétit de conquête et de gloire digne de Bonaparte, à sa manière, elle a régné sur un empire. Il n'est pas de superlatifs qui ne lui aient été accordés dont la Divine, bien avant Garbo. Elle a mis l'Amérique du Nord et du Sud, la Russie, l'Europe à ses pieds. Elle est morte debout, sur sa jambe de bois, à l'âge de soixante-dix-neuf ans, après avoir consommé bien des amants et deux maris avec un appétit qui l'accompagna jusqu'au bout.
Quelle vie ! Pour la ressusciter, Michel Peyramaure a choisi de faire appel aux témoins et aux acteurs de cette existence extravagante, ceux qui l'ont aimée, détestée, adorée. Cela dresse un portrait merveilleusement vivant, riche de personnages étonnants, des plus humbles aux plus célèbres.
    • Sarah veille sur moi comme une poule aux œufs d’or
    • Elle me rend visite chaque jour, fouille d’une main nerveuse dans les brouillons et les copies au propre de «L’Aiglon», lit et marmonne les derniers vers sortis de ma plume, trouve que ça ne va pas assez vite et fait copier des scènes par Titou pour les étudier chez elle
    • Le succès récent de «Cyrano de Bergerac» m’impose des contraintes, auprès des journalistes notamment, mais Sarah n’en a cure.? Mon chéri, combien de pages depuis hier?? Trois ou quatre.? C’est peu! Vous devriez vous occuper un peu moins de Rosamonde et un peu plus de notre «Aiglon».Elle en a de bonnes! Comment lui faire comprendre que mon inspiration a des sautes d’humeur, que je ne peux la convoquer à mon bureau comme je le fais de la bonne, que «Cyrano» m’a coûté beaucoup d’efforts et de fatigue, au point que je suis parfois au bord de la syncope? Comprendrait-elle ce que recèle le mystère de la création poétique?? Sarah, ne me bousculez pas, je vous prie
    • C’est par amitié, pour honorer ma promesse que je continue à travailler sur cette pièce, malgré l’état d’épuisement où je me trouve.Elle impose à mon front le sceau de ses lèvres.? Pardonnez-moi, mon poète chéri, mais je suis impatiente de voir cette œuvre achevée
    • Ce sera un triomphe, vous verrez
    • Alors, du courage, nom de Dieu!Contrairement à elle, je suis d’un tempérament inquiet, porté au doute et à la neurasthénie
    • Cette différence de nos natures crée parfois des frottements dont naissent des étincelles, mais jamais de menaces d’incendie.Sarah a décidé que nous devrions nous rendre, elle et moi, en pèlerinage à Vienne pour rendre hommage à l’Aiglon
    • Eh bien, nous irons à Vienne
    • Je ne puis rien lui refuser
    • Nous devrons donc interrompre les premières répétitions pour reprendre… je ne sais quand
    • Lorsque j’ai annoncé la nouvelle au vieux Sardou, que je trouve toujours en train de fouiner sur le plateau, il a hoché la tête, persuadé que ce caprice risquait de compromettre le succès de la pièce
    • Il est vrai que la jalousie qu’il éprouve de mes bons rapports avec Sarah, lui, le rend amer.Il nous reste quelques jours avant le départ du train pour l’Autriche
    • J’en profite pour relire quelques notes, assis dans un coin de la scène, près de Louise Abéma, cette femme étrange, costumée en amiral japonais, qui ne quitte guère Sarah, comme si, dans l’intimité…J’écrivais hier:«Sarah envahit sa loge fleurie et surchauffée; elle lance d’un côté le petit sac enrubanné, dans lequel il y a tout, et de l’autre son chapeau d’ailes d’oiseaux
    • Elle mincit brusquement de la disparition de ses zibelines et n’est plus qu’un fourreau de soie blanche…»Un autre de ces feuillets la montre déboulant sur la scène:«Elle anime de son arrivée tout un peuple pâle qui bâillait dans l’ombre; elle va, vient, enfièvre tout ce qu’elle frôle, met en scène, indique des gestes, des intonations, se dresse, veut qu’on reprenne, rugit de rage, se rassied, sourit, boit du thé et commence à répéter elle-même
    • Elle fait pleurer les vieux comédiens dont les têtes charmées sortent de derrière les portants
    • De retour dans sa loge où l’attendent les décorateurs, elle démolit à coups de ciseaux leurs maquettes pour les reconstruire.Elle n’en peut plus, s’essuie le front d’une dentelle, va s’évanouir
    • Elle apparaît au costumier effaré, fouille dans les coffres d’étoffes, compose les costumes, drape, chiffonne et redescend dans sa loge pour apprendre aux femmes de la figuration comment il faut se coiffer
    • Elle donne une audition en faisant des bouquets, se fait lire cent lettres, confère avec un perruquier anglais, retourne sur la scène pour régler l’éclairage d’un décor, injurie les appareils, met l’électricien sur les dents et se souvient, en voyant passer un accessoiriste, d’une faute qu’il a commise la veille et le foudroie de son indignation.Elle rentre dans sa loge pour dîner, mange avec des rires bohémiens en faisant des projets, prend des décisions jusqu’à trois heures de matin, ne se résigne à partir qu’en voyant tout le personnel dormir debout, respectueusement.Elle monte dans son cab et pouffe de rire en se rappelant qu’on l’attend chez elle pour lui lire une pièce de cinq actes…»Alors qu’elle se démène sur les planches, Sarah semble m’ignorer
    • J’en arrive à me persuader que je ne suis pour ainsi dire rien pour elle, que, ma tâche achevée, je n’ai plus voix au chapitre
    • C’est dire que je n’étais qu’à demi surpris de sa décision de se rendre à Vienne:? Oui, ne faites pas l’étonné et tâchez de me comprendre
    • Je ne serai pas à mon aise dans le costume du roi de Rome si je n’ai pas, auparavant, vu ce qu’il voyait de sa fenêtre avant de mourir et les endroits où il a passé la fin de ses jours: le palais de Schönbrunn, le parc, les tableaux qui ornaient son appartement, ses derniers vêtements
    • C’est très important pour moi, mon chéri
    • Me comprenez-vous?? Bien sûr, je vous comprends! N’empêche: c’est un long voyage
    • Et vous, avec votre jambe malade…? C’est vrai, mais nous ferons d’une pierre deux coups, puisque j’ai un engagement pour Brün, qui n’est pas très éloignée de Vienne
    • Quant à ma santé, mon vieil ami, le chirurgien Samuel Pozzi ne cesse de me dire qu’à cinquante ans, avec cette guibole enflée, je devrais renoncer aux longs voyages
    • Pardonnez ma grossièreté, mon chérubin, mais j’emmerde Pozzi
    • Si je l’écoutais, je serais déjà sur un lit de sa clinique
    • Autant mourir tout de suite.Il m’aurait été agréable d’emmener Rosemonde avec nous
    • Sarah s’y est opposée, au prétexte qu’on n’allait pas faire du tourisme, mais travailler
    • Pour le coup, des doutes me sont venus: Sarah n’avait-elle pas imaginé une escapade amoureuse? Fidèle que je suis à mon épouse, j’en conçus une lourde appréhension.L’idée de ce voyage n’était pas mauvaise, dans la mesure où Sarah s’en tiendrait à son intention initiale: il me permettrait de mieux ressentir l’ambiance de ce drame et d’apporter d’éventuelles retouches à mon texte.Au départ de Brün, après les représentations données par la troupe de Sarah, les organisateurs ont mis à notre disposition le train spécial chargé de conduire à Vienne la troupe et les bagages
    • Dans la soirée, alors que nous approchions de la ville, Sarah a sursauté: ? Edmond, regardez cet écriteau: «Wagram!» C’est l’endroit où l’Empereur a triomphé des armées autrichiennes
    • Vous en parlez dans le cinquième acte de «L’Aiglon»
    • Nous devrons visiter ces lieux, ab-so-lu-ment! Pitou va consulter notre impresario et nous arrange une excursion pour le retour, à la lumière des torches si possible
    • Tu entends, Pitou?Le surlendemain, le maire de Wagram nous attendait dans le hall de notre hôtel viennois, tout proche de Schönbrunn
    • Il était au courant de l’idée saugrenue de la comédienne et s’en montrait surpris.? Madame, Wagram n’est qu’un village comme un autre
    • Il n’y a rien à voir, que des champs de betteraves
    • Quant à organiser un pèlerinage aux flambeaux, ça me paraît difficilement réalisable en si peu de temps…? Cher monsieur, riposta Sarah, c’est votre affaire, débrouillez-vous!Durant une semaine, nous avons erré dans le parc qui s’étend entre le Palais et la gloriette
    • L’automne est superbe, doré, cuivré comme une cathédrale byzantine, peuplé de corneilles, de pigeons et d’écureuils auxquels Sarah distribue des miettes
    • Nous avons parcouru pas à pas les immenses pièces, passé des heures à nous interroger et à méditer devant des portraits, à dessiner des costumes, à prendre des notes
    • Le moindre détail lui était sensible jusqu’à l’exalter.Certain soir, après une soirée copieusement arrosée de vin blanc des coteaux du Danube, alors que nous regagnions notre appartement, elle m’a glissé à l’oreille:? Mon poète chéri, ne fermez pas votre porte ce soir
    • Il se peut que je vienne vous rendre visite
    • Nous bavarderons…Je me doutais ce que serait la véritable nature de ce bavardage
    • Drapée dans sa toilette nocturne de soie blanche, ondulant en spirale, comme dit Reynaldo, elle a poussé ma porte, discrète comme une souris
    • Assise sur le bord du lit, elle a tapoté sur la courtepointe pour m’inviter à s’asseoir à côté d’elle
    • Tout en bavardant et en riant, elle s’allongeait, se redressait, me mordillait l’oreille, caressait mes moustaches et y posait ses lèvres
    • Il faisait très froid dans cette chambre
    • Elle me fit comprendre qu’en nous couchant nous pourrions nous réchauffer…Une dizaine de jours plus tard, le train qui nous ramenait en France s’arrêta en pleine nuit en gare de Wagram
    • Nous nous jetâmes aux portières, ébahis par le spectacle qui nous attendait: une gare illuminée comme en plein jour de lampes électriques multicolores, des guirlandes de fleurs de papier et, sur le quai, une haie de grenadiers du temps de l’Empire, porteurs de flambeaux, au garde-à-vous dans les flonflons d’un orchestre militaire massacrant un hymne napoléonien
    • Une bouche à feu fit éclater une bombe pour annoncer l’arrivée des autorités
    • Le maire s’avança jusqu’à notre compartiment, s’inclina, annonça que «Mme Sarah Bernhardt, ambassadrice du peuple français», allait pouvoir, selon son désir, visiter le champ de bataille
    • Il ajouta en bon français:? Lorsque vous aurez foulé de vos pieds cette terre encore marquée par des traces des aigles impériales, elle sera plus sacrée encore.Sarah se jeta contre ma poitrine en gémissant:? Mon Dieu, Edmond, j’avais complètement oublié
    • Que faire?? Ce que vous avez souhaité: nous rendre en procession jusqu’au champ de bataille.? Mais c’est impossible! Cela nous retarderait trop
    • Nous devons être à Paris demain…Alors que le maire achevait son allocution en évoquant les bons rapports entre les deux nations, elle hurla au mécanicien descendu sur le quai:? En route! Nous avons perdu trop de temps.Il était deux heures du matin, et les autorités avaient attendu plus d’une heure dans le froid
    • J’ai trouvé convenable d’aller m’excuser auprès d’elles de ce contretemps: Mme Sarah Bernhardt était souffrante et notre convoi avait du retard
    • Je tendis quelques billets au maire, pour récompenser les figurants.Lorsque je remontai dans notre compartiment, Sarah, allongée sur la banquette, s’était endormie…
  • Date de parution : 07/04/2011
  • Editeur : Robert Laffont
  • ISBN : 978-2-221-12086-6
  • EAN : 9782221120866
  • Format : ePub
  • Nb. de pages : 444 pages
  • Caractéristiques du format ePub
    • Pages : 444
    • Taille : 1 202 Ko
    • Protection num. : Digital Watermarking

À propos de l'auteur

Michel Peyramaure

Biographie de Michel Peyramaure

Ce roman de Sarah Bernhardt s'inscrit dans l'œuvre de Michel Peyramaure après le roman de Suzanne Valadon (Les Escaliers de Montmartre, Le Temps des ivresses), et avant celui de Louise Michel, l'égérie de la Commune, pour un hommage à trois hautes figures de femmes de la fin du XIXe et du début du XXe siècle.

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