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« Le lecteur ne trouvera pas ici une apologie d'André Chénier en tant que "contre-révolutionnaire". Mais plutôt une tentative pour répondre - par le récit, par le portrait, par l'étude des textes - à cette question : était-il contre-révolutionnaire ?Je me suis persuadé que non seulement il ne l'était pas, mais encore qu'il a été un des esprits de son temps les plus lucides et les plus courageux quant à la perception des risques de dégénérescence bureaucratique et policière que court toute révolution. Et la Française, comme les autres. On a bien le droit de dire cela aujourd'hui, en cette période de bicentenaire, c'est-à-dire de recul critique, et même de considérer que le dire, à partir d'un exemple concret, est servir la Révolution. Cet exemple concret est celui d'un homme guillotiné à trente et un ans et qui a donc payé le prix pour pouvoir se faire entendre. Or, on ne l'entend pas. On ne le regarde pas. On l'a réduit une fois pour toutes à la condition d'un poète de second plan, très "scolaire", coincé dans un étroit chapitre final des manuels de littérature du XVIIIe siècle, en évitant soigneusement de trop prêter attention à ses écrits politiques, pourtant essentiels, et même à son destin. Or, sans identifier Chénier à Lorca ou à Ossip Mandelstam, pour prendre des références modernes, il faut bien reconnaître que son nom doit être mis sur la longue liste des poètes assassinés. »Raymond Jean