Par suite des jacqueries suscitées par les " rouges " en 1946 dans la partie la plus méridionale de la Péninsule coréenne, une terrible spirale de... > Lire la suite
Par suite des jacqueries suscitées par les " rouges " en 1946 dans la partie la plus méridionale de la Péninsule coréenne, une terrible spirale de massacres et de répressions sanglantes oppose l'un à l'autre le " pouvoir du peuple ", qui entend redistribuer les terres, et le gouvernement militaire soutenu par les Etats-Unis. Les paysans sans terre deviennent le fer de lance de la lutte prolétarienne contre " l'impérialisme ". Toutes les familles dont un
membre s'est compromis du côté communiste sont suspectes. Fouilles, actes de violence, surveillance sans répit, rien ne leur est épargné, même quand elles sont dans leur droit. Des femmes sont molestées et brutalisées parce que leur mari a rejoint le camp des " rouges ". Le couvre-feu est instauré, la loi martiale proclamée. Tandis que se profile l'ombre de Yeom Sang-jin, chef de la rébellion, qui, attendant des jours plus favorables, se cache dans les montagnes avec ses partisans, Kim Beom-ou, professeur lucide et courageux, défend les paysans opprimés. Refusant de les voir froidement abattus par la police, il exige que les suspects bénéficient d'un jugement équitable. Sa personnalité anticipe sur celle de bien d'autres " justes " de l'histoire contemporaine. Ce sont eux qui ont de longue main préparé une Corée moderne et démocratique.
L'auteur de ces lignes, Olivier de Berranger, évêque de Saint-Denis, a partagé pendant 17 ans la vie des Coréens migrants de l'intérieur, venus s'agglutiner en périphérie de Séoul au cours de la transformation industrielle fulgurante de la Corée du Sud, de 1976
à 1993.