Une organisation syndicale, ce n'est pas qu'un Georges Séguy, qu'un Edmond Maire ou qu'un André Bergeron. C'est, plus justement, une masse d'hommes... > Lire la suite
Une organisation syndicale, ce n'est pas qu'un Georges Séguy, qu'un Edmond Maire ou qu'un André Bergeron. C'est, plus justement, une masse d'hommes et de femmes engagés dans une lutte quotidienne et sans gloire. Des méconnus qui ne surgissent aux yeux de l'opinion que le temps d'un conflit ou d'un congrès comme celui que tiendra la C. F. D. T. en 1973. Des salariés qui se battent pour que leurs rêves d'aujourd'hui deviennent les réalités de demain. On les appelle des militants. Pour une fois, ils ont la parole. Certains, dans cette foule, sont différents : ceux de la C. F. D. T., parce qu'ils ont accompli, en moins de dix ans, une formidable évolution, se détachant de la morale sociale de l'Église pour un socialisme qu'ils veulent démocratique. Parce qu'ils prononcent des mots « mal connus » comme responsabilité, respect de la base, autogestion, etc., parce qu'ils apparaissent volontiers comme les « gauchistes responsables » de la Gauche française. Ainsi, au travers des régions, des entreprises, des professions, au travers de problèmes comme la hiérarchie, la politique contractuelle ou les relations avec les autres syndicats, des hommes se révèlent. Des hommes qui constituent, dans le domaine syndical comme le domaine politique, une force essentielle. On les craint ou on espère en eux. Car chaque fois que la société industrielle française s'interroge sur elle-même et sur son devenir, ils sont présents ; que ce soit pour analyser le capitalisme actuel ou pour définir un socialisme éventuel, que ce soit pour comprendre le sens du « gauchisme » ou l'enjeu de prochaines élections. Il y a sans doute dans la C. F. D. T. un espoir pour l'avenir du syndicalisme français. Un espoir aussi pour ceux qui veulent se libérer sans tomber sous le joug d'une avant-garde, bureaucratique, fût-elle puissante. Personne ne sait évidemment ce que pourrait être « la révolution ». Comme d'autres, mais sans doute avec plus de rigueur et d'exigence, la C. F. D. T. est à la recherche de ce futur. Dans tous les cas, elle sera au rendez-vous, armée des sans-nom et des sans-grade, armée de « La C. F. D. T. des militants ».