L'île de Feu : un rocher brûlant au large de la Crète, où les militaires grecs ont relégué quelque six mille prisonniers politiques. Parmi eux,... > Lire la suite
L'île de Feu : un rocher brûlant au large de la Crète, où les militaires grecs ont relégué quelque six mille prisonniers politiques. Parmi eux, Stavros Pyriotis, étudiant en médecine déporté pour avoir saboté une expédition militaire ; idéaliste, mais homme d'action, il insufflera à ses compagnons l'esprit de révolte et suscitera une rébellion - brèche sanglante vers la liberté. Réquisitoire saisissant contre la répression en Grèce sous le gouvernement Papadopoulos, mise en accusation de toutes les îles de feu ou du diable, de ceux qui les administrent, de la torture, physique ou psychologique, La cathédrale de l'île de Feu est pourtant un livre qui chante, avec ses excès, ses dialogues colorés, ses échappées lyriques. Dans le collimateur de l'écrivain, l'entreprise révolutionnaire se transforme en un récit quasi épique, ses protagonistes en héros de roman doués d'une vie et d'une individualité indéniables, symboliques et allégoriques à la fois : ainsi, le colonel Thryllopoulos est un moderne Ponce Pilate, qui noie le bruit de répressions sanguinaires sous les airs d'opéra qu'il écoute sur son électrophone, Stavros, le héros principal, une sorte de Prométhée. Mais, plus que tout, c'est l'atmosphère qui donne à ce récit et à ses personnages leur intensité : un enfer de chaleur qui accable aussi bien les soldats que les prisonniers, enfièvre ou au contraire anéantit les esprits, envenime les plaies, et dans lequel grouillent les scorpions et hurlent les chiens policiers dressés à tuer.