Associée à la Communauté européenne, depuis le 12 septembre 1963, sur la base d'une union douanière devenue en principe effective en vertu de la... > Lire la suite
Associée à la Communauté européenne, depuis le 12 septembre 1963, sur la base d'une union douanière devenue en principe effective en vertu de la décision 1/95 du Conseil d'association, la Turquie a théoriquement vocation à être admise au sein de l'Union européenne en tant qu'« État européen ». Elle ne peut cependant ignorer les conditions opposables à tous les États candidats, telles qu'elles ont été fixées par le Conseil européen de Copenhague de juin 1993 et appliquées par le Conseil européen de Luxembourg de juin 1997. La Commission a procédé à une évaluation de la nouvelle demande de la Turquie (4 novembre 1998), ainsi que le lui a demandé le Conseil européen de Cardiff (juin 1998), mais l'exécutif collégial n'a pas manqué de révéler des anomalies dans le fonctionnement de l'État de droit, de constater des violations persistantes des Droits de l'homme et un traitement inacceptable de la minorité kurde, ainsi qu'un manque de contrôle de l'armée par les autorités civiles et politiques. Enfin, si elle a adopté une économie de marché, la Turquie doit poursuivre ses efforts afin d'intégrer l'essentiel de l'acquis communautaire et affirmer sa volonté et sa capacité d'assumer les obligations découlant de l'Union économique et monétaire ainsi que de l'Union politique. La Turquie apparaît incontournable pour l'Europe. Elle occupe une place géopolitique et géostratégique fondamentale. L'Union européenne est-elle prête à accueillir la Turquie fût-ce à moyen terme ? A-t-elle la volonté d'accueillir un État aussi peuplé : environ 62 millions d'habitants, dans leur immense majorité de religion musulmane. Ces arguments n'ont pas cours dans les institutions de l'Union, mais ils existent dans les « échanges informels » et inspirent bien des salles de rédaction. Jean Raux