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Le " Siècle de Louis XIV " s'est imposé dans notre mémoire collective comme celui des classiques par excellence. Mais quel fut le prix de cette consécration ? Qu'a-t-on fait dire aux classiques ? Pourquoi a-t-on dressé leur héritage contre celui des Lumières ? Sous quelles bannières ont-ils été enrôlés ? En répondant à ces questions, l'auteur retrace les grandes manouvres, au lendemain de la Révolution, autour d'une tradition littéraire semée de malentendus et de distorsions. Héritiers des Lumières et apôtres de la reconquête catholique s'affrontent violemment, mais tous revendiquent la référence aux classiques. S'engage alors une guerre des mémoires dont nous ne sommes peut-être pas sortis. À leur corpus défendant, on verra ainsi Corneille, La Fontaine, Madame de Sévigné, Molière ou La Bruyère intervenir dans les débats politiques de la France postrévolutionnaire, Racine érigé en chantre des valeurs familiales, Rotrou enrôlé au service de la propagande napoléonienne ou encore le duel entre Fénelon et Bossuet se poursuivre dans les débats parlementaires de la Restauration. À qui appartiennent les classiques ? Oscillant entre la légende et l'histoire, leur vie posthume constitue une projection des passions françaises. Elle attise, dès le XIXe siècle, les controverses sur l'identité nationale.
Agrégé de Lettres modernes, Stéphane Zékian est chargé de recherches au CNRS. Ses travaux portent sur la représentation de la France comme nation littéraire.