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Le passage des belles-lettres à la littérature, en libérant des légitimations classiques, a ouvert dans l'écriture une sorte de brèche qu'il a fallu, depuis le Romantisme, colmater par l'invention de nouvelles figures légitimantes de l'écrivain. Du temps des prophètes à la plus récente modernité, il y a pléthore. Constitué par ses rôles et les rituels de son écriture, l'écrivain se révèle comme fiction et la littérature comme ensemble de croyances. On envisage ici l'écrivain non en sociologue, mais en mythographe dans ses représentations imaginaires qui constituent un champ figuratif. Villiers de L'Isle-Adam, Mallarmé, Schwob, Valéry, Leiris ou Tardieu, mais aussi l'écrivain prolétarien ou le poète d'aujourd'hui sont étudiés dans cette perspective du leurre désirable qu'ils nous tendent. On interroge aussi les paradoxes et illusions de la biographie, du journal intime, de l'autobiographie. Individu littéraire : n'est-ce pas une contradiction dans les termes ? Le sujet individuel ne se heurte-t-il pas à l'autre quand il s'assujettit à la littérature et à sa propre figure ? Qui écrit entre en scène, tout ce qui s'écrit est fictif, disait Valéry. L'auteur, qui ne se cache pas d'être valéryen, poursuit ici, en praticien, l'interrogation sur les fictions de la modernité qu'il a entreprise dans divers essais et fictions.