Depuis la dernière décennie du XXe siècle, la littérature francophone contemporaine génère des formes d'écritures du Moi fortement travaillées... > Lire la suite
Depuis la dernière décennie du XXe siècle, la littérature francophone contemporaine génère des formes d'écritures du Moi fortement travaillées par une esthétique du mélange : référentiel/fictionnel ; discours/récit ; histoire personnelle et familiale/histoire nationale, narration à la première personne/narration à la troisième personne voire à la deuxième personne... Loin de constituer une génération spontanée, ce mélange esthétique remarquable dans les récits de soi traduit un mélange d'identité. En effet, les narrateurs, qui sont généralement des êtres socialisés entre deux cultures, s'appuient sur leur identité plurielle pour proposer - à travers cette esthétique testimoniale du mélange - une utopie du vivre ensemble : l'hybridité. Parce qu'elle renvoie fort opportunément à la démesure et à la folie d'une part - hybris - et, d'autre part, à la bâtardise et à la stérilité - hybrida -, l'hybridité est employée pour subvertir les innombrables certitudes tributaires de la conception moderne de l'identité en tant que catégorie immuable. À cette conception devenue inopérante, l'hybridité oppose la fluidité et la négociation identitaires.