Faut-il avoir peur de l'oubli ?
De nos jours, les neurosciences occupent le devant de la scène, et la question de l'oubli, associée à la hantise... > Lire la suite
Faut-il avoir peur de l'oubli ?
De nos jours, les neurosciences occupent le devant de la scène, et la question de l'oubli, associée à la hantise du vieillissement, travaille nos sociétés. L'individu apparaît ainsi menacé par le danger de la fragmentation et de la disparition. Ce phénomène est d'autant plus troublant qu'il est contemporain d'une accélération générale de l'obsolescence et d'une tendance à effacer instantanément ce qui semble dépassé. Paradoxalement, l'ère de l'homme effaçable est aussi celle de l'obsession de la mémoire. Certaines fictions font écho à cette inquiétude qu'elles tentent de penser, notamment le roman Samedi, de Ian McEwan, ou encore le film de Michel Gondry, Eternal Sunshine of the Spotless Mind. On assiste donc à un changement de modèle, qui fait la part belle au cerveau, au risque d'appauvrir notre conception de la mémoire.
Selon Maria Cristina Franco Ferraz, qui rappelle que d'autres conceptions de la mémoire ont existé, comme le montrent notamment les romans de Virginia Woolf, il est temps de reconsidérer les théories dominantes - dont le fondement est la biochimie, et l'horizon le fitness - en explorant les expériences de la perception. C'est particulièrement urgent s'agissant de l'image de la femme, trop souvent réduite à un taux d'hormones. Les ouvres de Bergson et de Nietzsche peuvent nous y aider : tel est le pari de cet essai original.