Lorsque les pionniers de l'émigration puritaine s'embarquèrent sur la May Flower, le chef de leur petite église, John Robinson, dans son discours d'adieu,... > Lire la suite
Lorsque les pionniers de l'émigration puritaine s'embarquèrent sur la May Flower, le chef de leur petite église, John Robinson, dans son discours d'adieu, les adjura de ne pas s'en tenir aveuglément à sa propre prédication, ni même à la théologie de Luther et de Calvin, mais d'accepter avec un égal empressement ce qu'il plairait au Seigneur de leur révéler par de nouveaux intermédiaires ; car il avait confiance que « Dieu a encore d'autres lumières à faire sortir de sa parole sacrée. » Ce langage, qui était dans la logique du protestantisme, ne devait pas tomber sur un sol ingrat. Toutefois, il était trop en avance sur son temps pour être immédiatement appliqué ou même compris par la plupart de ceux auxquels il s'adressait. Ce que les « pèlerins » de la May Flower, fuyant les persécutions de l'église officielle, allaient demander aux rivages du Nouveau-Monde, ce n'était pas la liberté religieuse, mais leur liberté religieuse, c'est-à-dire le droit déformer une église de leur façon, sans le concours de la hiérarchie ni de la liturgie anglicanes... Il serait, néanmoins, injuste de méconnaître que, malgré son intolérance, son rigorisme, son étroitesse d'horizons, le calvinisme était, de tous les courants religieux de l'époque, le plus propre à faire d'une poignée d'émigrants les fondateurs d'une grande et libre nation.