René Jaouen est arrivé comme missionnaire au Nord-Cameroun en 1952. Soucieux de connaître au plus près le peuple giziga auquel il était envoyé,... > Lire la suite
René Jaouen est arrivé comme missionnaire au Nord-Cameroun en 1952. Soucieux de connaître au plus près le peuple giziga auquel il était envoyé, il est devenu peu à peu linguiste et anthropologue, sans cesser d'être pour autant missiologue et théologien. Il lui a toujours semblé étrange qu'un peuple « né du mil et vivant de lui » dût, une fois devenu chrétien, célébrer son Eucharistie en ayant recours à des nourritures (pain et vin), naguère apportées par les étrangers qui l'évangélisèrent, et dont ses traditions ne disent rien, ne savent rien. Sa religion ancestrale était « religion du mil ». Dès lors, peut-on réellement consentir à pareille rupture symbolique et culturelle dans l'acte même où la communauté veut exprimer le meilleur de sa foi naissante ?
René Jaouen a pris le problème à bras le corps. Enseignant depuis plus de dix ans à l'Institut missiologique d'Ottawa (Canada) sans avoir jamais abandonné le travail de terrain, il en a fait l'objet d'une étude tout à la fois anthropologique et théologique qui n'a pas aujourd'hui d'équivalent en quelque langue que ce soit. Il s'agit en vérité d'une « somme » consacrée à l'une des questions les plus controversées qui soit en théologie sacramentaire. La vigueur de son propos ne fera certes pas l'unanimité des liturgistes et des théologiens mais les raisons qu'il met en avant sont si fortes et si pertinentes qu'on aura bien du mal à les réfuter. Nous sommes peut-être en marche vers un nouveau printemps de l'Église où chaque peuple pourra reconnaître en son Eucharistie, les fruits de sa terre et de son travail.
Né en 1935, missionnaire Oblat de Marie-Immaculée (OMI), René jaouen est arrivé au Nord-Cameroun en 1962. Il y est toujours. Docteur en théologie, il assure depuis 1981 un cours annuel de missiologie à l'Université Saint-Paul d'Ottawa (Canada).