Réflexion spectacle « évangélique » dans un univers d'absurdie, « L'escalier est un acide » met en scène le combat de l'homme, ou du poète,... > Lire la suite
Réflexion spectacle « évangélique » dans un univers d'absurdie, « L'escalier est un acide » met en scène le combat de l'homme, ou du poète, ce personnage déplacé, à la recherche d'une identité. Et ce théâtre de cruauté fait entendre le chant continu des « pourquoi » à travers une sorte de lamento de « noyé né ». Michel Monate et Henry Colombani ont poursuivi cette quête violente et rigoureuse comme l'aboutissement d'une rencontre. Ils ont voulu, et maintenu, leur dialogue - l'histoire singulière de leurs relations, mais aussi celle de leur questionnement poétique - sur le seul registre de la poésie. Echangeant à coups de textes, les protagonistes conservent d'abord leur écriture propre et heurtent sans indulgence leurs différences. Puis un scénario s'élabore ; les possibles identités d'un « je » éclaté et pluriel, cherchent à naître, à être, à créer. Les écritures fusionnent, les auteurs s'effacent. Un poème en prose affirme son autonomie comme un tout qui tient fortement. Une telle démarche s'inscrit à l'évidence dans la droite ligne de l'impératif selon lequel la poésie doit être faite par tous. À sa manière, elle en explore et assume l'un des risques les plus troublants : accepter l'irruption de la parole de l'autre - désirée et menaçante - jusqu'à la perte éventuelle de sa propre intégrité. Le prix et le péril, sans nul doute, de l'authentique traversée qu'il faut accomplir en soi pour, peut-être, approcher le territoire commun d'un éventuel partage. À l'issue de l'aventure, il n'y a pas de réponse ; seulement l'incontournable question qui ne peut être résolue que poétiquement.