Cette erreur judiciaire qui menace chacun. En novembre 1946, Agapito Solera était condamné à la réclusion perpétuelle pour un meurtre qu'il n'avait... > Lire la suite
Cette erreur judiciaire qui menace chacun. En novembre 1946, Agapito Solera était condamné à la réclusion perpétuelle pour un meurtre qu'il n'avait pas commis. Il fit huit ans de détention et attendit quinze ans sa réhabilitation que, seul, un extraordinaire concours de circonstances permit d'obtenir. En février 1963, à Lyon, un commis boucher, Jean Deveaux, après une enquête, une instruction et un procès discutables, était condamné à vingt ans de réclusion par la Cour d'Assises du Rhône pour avoir égorgé et éventré Dominique Bessard, 7 ans, la fille de ses patrons. Sa demande de révision est en cours. Solera était un bûcheron espagnol illettré que la guerre civile avait chassé de son pays. Deveaux au moment de sa condamnation était un garçon de vingt ans qui avait sept à huit ans d'âge mental, un immature, un mythomane. Que vos diplômes, votre aisance dans la vie, votre culture ne vous rassurent pas trop vite. La "simplicité" de ces deux hommes n'est pas l'explication de leur impuissance à affronter une justice qui les a finalement écrasés. Toutes les garanties que la Loi accorde au justiciable se retournent soudain contre lui. Et la justice est alors une fatalité qui trouve son apothéose à l'audience de la Cour d'Assises. Innocent ou coupable, simple ou intelligent, l'homme qu'on va juger ne ressemble plus aux autres hommes. La détention, l'enquête de police, l'instruction l'ont complètement modifié. La justice peut "passer", le chemin a été frayé et balisé.