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Pour l'auditeur le moins instruit, la musique romantique produit des vibrations si diverses, projetées en tous sens par la richesse et le rayonnement de ses mélodies, de ses harmonies et de ses timbres, qu'il l'entend comme un écho dont il cherche instinctivement la source en dehors d'elle-même, que ce soit en deçà ou au-delà, dans un monde où il s'égare ou se retrouve tout ensemble : sentiments, impressions, souvenirs, caprices, images, symboles. Source où, au même moment, s'abreuvent la pensée, la poésie et parfois les arts plastiques. D'où la question qui se pose presque nécessairement à cet auditeur enchaîné, subjugué peut-être, mais troublé : « Dans quelle mesure, par quels caractères, par quels traits, grâce à quels procédés, la musique romantique est-elle la musique du Romantisme ? ». Une réponse facile se propose aussitôt qui, par un surcroît de tentation peut se formuler en termes de musique ; le romantisme musical serait regardé comme une partition dont le romantisme littéraire aurait écrit ou fourni le livret. Vue séduisante au premier coup d'oeil, pour promettre, semble-t-il, des perspectives à la fois larges et précises, où un regard plus soutenu ne tarde pas à reconnaître à peu près autant d'impasses.