Lorsqu'on arrive à Jérusalem, ce qu'on aperçoit d'abord des hauteurs de la route, avant de franchir le ravin du Hinnom et de remonter vers la porte... > Lire la suite
Lorsqu'on arrive à Jérusalem, ce qu'on aperçoit d'abord des hauteurs de la route, avant de franchir le ravin du Hinnom et de remonter vers la porte de Jaffa, c'est le plus ingrat profil de la ville sainte : la ligne grise des remparts, le cube trapu de la tour de David, et, dominant scandaleusement tout l'horizon, le clocher de l'église russe de l'Ascension planté comme un grêle et ridicule chandelier au sommet de la Montagne des Oliviers. Mais l'oil qui fouille les arrière-plans, par delà les surfaces ternes des murs et les entassements des collines, ne tarde pas à découvrir une grande étendue bleuâtre qui se confondrait avec le ciel, n'était la large zone nébuleuse, d'un noir opaque et violacé, qui semble peser sur elle et qui tranche sur l'azur plus vif de l'atmosphère réelle. Cette lourde barre horizontale, sans brèche apparente, ce bleu inerte et comme figé, c'est la Mer Morte et ce sont les Monts de Moab.