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Lorsque le président Léopold Sédar Senghor décida de donner à la seconde université du Sénégal, à Saint-Louis, le nom de Gaston Berger, il ne le fit pas seulement parce que celui-ci était natif de cette ville et d'origine sénégalaise par sa grand-mère, mais surtout parce qu'il reconnaissait dans la pensée du philosophe la conception d'un avenir ouvert qu'il souhaitait pour son pays.
L'attitude prospective est en effet, dans la définition qu'en donne Gaston Berger, à partir d'une lecture méticuleuse de la phénoménologie de Husserl dont il est un éminent introducteur en France, la reconnaissance de l'exigence humaine universelle d'émancipation, c'est à dire de valeur.
« Être prospectif » c'est répondre à cette exigence en en renouvelant sans cesse la réflexion, le vocabulaire et les images. Ce renouvellement est création et il est l'ouvre des poètes, des philosophes, des artistes, tout autant que celle des inventeurs et des ingénieurs. Car, nous dit Gaston Berger « Toute culture est prospective ».
Mais être prospectif c'est plus précisément, à partir d'une exploration rigoureuse du présent, penser, agir, connaître, décider à partir de l'avenir. Ce qui commande de se détourner du mythe d'un temps linéaire et aliénant qui invite à ne construire que des futurs sans avenir. Or le présent n'est autre que le témoignage de la présence humaine au monde. Cette présence est mouvement. Elle s'inscrit dans « un monde mobile et sans cesse renouvelé où il faut inventer sa propre vie ». En cela consiste l'aventure humaine qui est aventure de l'humanité universelle de l'humain et quête d'une sagesse d'agir non pas seulement pour l'avenir mais à partir de lui.