J'avais 55 ans lorsque le cancer est venu frapper mon ventre. Je n'en étais pas à mon premier combat, ni à mon premier défi. L'effet miroir des symptômes... > Lire la suite
J'avais 55 ans lorsque le cancer est venu frapper mon ventre. Je n'en étais pas à mon premier combat, ni à mon premier défi. L'effet miroir des symptômes massifs de ma maladie me porte vers l'écriture et le témoignage. J'éprouve alors le besoin de prendre le risque de livrer ma réalité subjective et émotionnelle. La chimiothérapie apparaît, sans aucun doute, comme l'épreuve la plus improbable et la plus insupportable vécue au cour de cette maladie. En tant que psychologue, je suis ouverte aux rencontres, aux pensées, en quête de sens. Prendre soin de moi est une nécessité vitale, face à l'effraction de ce monstre venu s'installer au plus profond de moi. L'état de sidération, la gravité de la situation, le sentiment d'impuissance engendrés par l'inconnu fait des ravages. La fatigue du corps abîmé, cassé, et la furieuse envie de tenir face à l'adversité sont prégnants dans ce récit. Eric et moi avons avancé à l'unisson. Nous avons uni nos forces contre la morsure du réel. La menace liée à ce terrible signifiant « tumeur » (tu meurs) est si aveuglante que j'ai éprouvé de la peine à percevoir les bénéfices secondaires, cette fécondité qui, en dépit de la souffrance, fera partie intégrante de ce cursus lié au cancer. Au moment où je connais la rémission totale, mes fenêtres intérieures s'ouvrent vers d'autres horizons. Je fais l'expérience de vivre et de ressentir différemment toute forme de relation humaine.