Ksar el Ahmar ou une vie de colon dans le Sud tunisien (1). Mai 1927-juillet 1931 : découverte de Maknassy

« Mon avenir est déjà engagé ». De Grignon, en Côte d'Or, à Maknassy, en Tunisie, Richard, fils de Richard, sous l'emprise d'un « envoûtement par le Sud », nous conduit vers son avenir. Aventure dominée par les émotions, suggérées plus qu'exprimées, par les nombreuses amitiés chaleureuses de ce tout jeune homme. Il quitte sa mère, qui cache mal sa peine ; il écrit beaucoup à son père, qui reste pourtant rude. Fils de ce jeune homme, et d'une jeune femme qui n'apparaît qu'en léger filigrane dans ce premier tome de l'histoire, j'ai lu ces quatre cents pages comme un roman.
Peu dépaysé, retrouvant les traits du tableau dessiné au fil des années à Maknassy, à Grignon, et Paris. Tout est à sa place semble-t-il dans la maison de mes souvenirs, où me ramène "Ksar El Ahmar". Mais le livre fait jaillir, par le rapprochement des faits et des sentiments, une compréhension nouvelle de nos vies, de leurs peines et de leurs joies. Petits enfants, à qui "Ksar El Ahmar" est également dédié, vous y lirez aussi, je le crois, vos propres parents.
La vie familiale marque ainsi, à travers de lentes dérives, les générations qui se suivent. Vous êtes, de toute manière, enfants de Maknassy. "Ksar El Ahmar" vous appartient ! Et toi, lecteur inconnu, tu percevras ce besoin de comprendre d'où l'on vient, de couler sa propre vie à sa place dans le déroulement de l'histoire. Souviens-toi, cependant, des paroles de Marguerite Yourcenar, par lesquelles débute ce livre : un « homme d'action tient rarement un journal » ; c'est à toi de broder sur tes propres rêves, avec les fils aux multiples couleurs de la belle histoire de « Ksar El Ahmar ». Michel Sebillote