Qu'ont en commun d'anciens collaborateurs qui ont fui la France à la Libération, des activistes de l'OAS, des espions soviétiques, des gauchistes de... > Lire la suite
Qu'ont en commun d'anciens collaborateurs qui ont fui la France à la Libération, des activistes de l'OAS, des espions soviétiques, des gauchistes de Mai 68 et de la Gauche prolétarienne, des autonomistes corses, basques et bretons ou des membres d'Action Directe ? D'avoir été jugés par la Cour de sûreté de l'État, une juridiction d'exception créée par le général de Gaulle à la fin de la guerre d'Algérie et supprimée par François Mitterrand au début de son premier septennat. Siégeant pendant dix-huit ans et réservant à des milliers de militants un traitement radical et spécifique, comme les gardes à vue prolongées, les arrestations de nuit, le jugement par des militaires ou les examens psychiatriques, elle illustre une tradition française de justice politique. Or, ces dispositions contre les " ennemis intérieurs " ne disparaissent pas en 1981 et sont progressivement réintégrées dans l'arsenal sécuritaire pour constituer le socle de la lutte antiterroriste. De la répression de l'OAS au jugement des " malfaiteurs terroristes " par une justice dérogatoire au droit commun aujourd'hui, c'est toute la généalogie de l'antiterrorisme que ce livre retrace. Par cet ouvrage passionnant qui s'appuie sur des archives inédites, Vanessa Codaccioni interroge la manière dont l'État fait face aux crimes politiques et terroristes depuis les débuts de la Ve République. Mais elle engage une réflexion plus générale sur les frontières, toujours ténues, entre justice ordinaire et justice politique, et sur l'utilisation de dispositifs d'exception en régime démocratique.