Le grand problème de notre temps n'est pas la vie commune mais la vie séparée. La vie ensemble est celle d'une communauté, petite ou grande, qui a... > Lire la suite
Le grand problème de notre temps n'est pas la vie commune mais la vie séparée. La vie ensemble est celle d'une communauté, petite ou grande, qui a un passé, un présent et un avenir communs dans lesquels chaque individu, chaque famille, chaque groupe puise ses principaux repères. La vie séparée est le contraire : c'est la vie de ceux qui ne s'aiment pas et ne veulent pas vivre en commun, parce qu'ils estiment ne rien partager les uns avec les autres. Sauf peut-être le fait d'être des hommes. Mais ce fait apparaît bien léger face au souvenir des luttes passées, aux haines mutuelles, aux rancunes indélébiles, à la volonté de faire prévaloir sa légitimité ou son droit dans l'exclusion ou la négation de celui de l'autre.
La tolérance est inutile quand il y a vie en commun, dans ses solidarités et ses discordes. Elle est indispensable lorsqu'il y a vie séparée. La tolérance doit ainsi répondre à la question suivante : comment empêcher ceux (individus ou groupes) qui se rejettent mutuellement, pour des raisons multiples - passées ou présentes, de propriété, de légitimité contestée, de rivalité des histoires, de religion, de culture, etc. -, de se penser et de se poser dans la négation l'un de l'autre ? Comment, par conséquent, penser et établir la coexistence ?