" Voici l'arbre de Savoir, me dit-il, où tu aurais puisé des lumières inconcevables sans ton irréligion. Il n'eut pas achevé ce mot que, feignant... > Lire la suite
" Voici l'arbre de Savoir, me dit-il, où tu aurais puisé des lumières inconcevables sans ton irréligion. Il n'eut pas achevé ce mot que, feignant de languir de faiblesse, je me laissai tomber contre une branche où je dérobais adroitement une pomme (...) Je tirais une de ces pommes dont j'avais grossi ma poche, où je cachai mes dents. Mais au lieu de prendre une de celles dont Enoch m'avait fait présent, ma main tomba sur la pomme que j'avais cueillie à l'arbre de Science et dont, par malheur, je n'avais pas dépouillé l'écorce. J'en avais à peine goûté qu'une épaisse nuit tomba sur mon âme..." (Cyrano de Bergerac). Qui croirait un instant que la communauté universitaire comptait dans ses rangs des juristes qui ont goûté au fruit défendu de l'Utopie et qui, le 17 novembre 2008, ont fait état de leur penchant coupable lors d'une manifestation orchestrée par le CERDHAP de la faculté de droit de Grenoble ? Un dialogue entre Platon et Farabi se déploie dans une architecture urbaine revisitée et aménagée à la Guise de Godin pour y accueillir des polylérites (qui, pour " faire des bêtises ", ne méritent pas plus la peine capitale que le bagne), la science de More, Campanella et Bacon ou encore la folle excentricité de Cyrano et de Fourier. Nul doute que l'Utopie, loin d'être reléguée dans un nulle part de la pensée, est bien vivante aujourd'hui et que certains juristes la cultivent avec une bonhomie toute hédoniste.