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Les entreprises de la Silicon Valley sont parvenues à convaincre la planète entière qu'elles tiraient leur réussite de leur supériorité technologique et de leur génie créatif. Or tout cela n'est qu'une illusion. Pour entretenir l'accoutumance des consommateurs et investisseurs, elles se servent d'une substance hautement addictive : la Junk Tech, un subtil alliage entre l'aptitude à saisir l'air du temps, la capacité à convertir les aspirations individuelles en une offre cohérente, et le pouvoir de façonner des mythes qui entrent en résonance avec les désirs collectifs. Dans la civilisation digitale, les dealers de rêves ont pris le relai des ingénieurs et développé une vision du monde qui leur permet d'attirer les capitaux, les talents et l'attention du public. En France et en Europe, nous cherchons à reproduire cette formule sans utiliser les bons ingrédients. Victimes du mirage californien et de l'approche « technocentrée », nous adoptons la mauvaise recette : hypertrophie du produit, culte de l'intelligence, dépendance aux approches rationnelles et faible culture de la coopération. Convaincus qu'il faut rompre avec le culte de la disruption, le présent essai plaide en faveur d'un renouvellement des mécanismes d'innovation et d'une meilleure prise en compte des fondamentaux du marketing. L'enjeu est majeur : dessiner de nouvelles perspectives crédibles pour rivaliser avec la Silicon Valley et concevoir des technologies vertueuses ayant un impact positif sur le futur et la planète. Jean-Marc Bally est président d'Aster, société de capital-investissement implantée à Paris, Londres, San Francisco, Tel Aviv et Nairobi.
Xavier Desmaison est président d'Antidox, groupe de conseil en stratégie de communication à forte dominante numérique et co-président de Monolith Partners, agence de technologies marketing. Il enseigne à Sciences-Po Paris.