Le 1er janvier 1935 Ensuite elle a pris son bain. Je me suis assis à côté de sa baignoire. C'est vrai ce que je lui ai dit des mille nuances de tendresse... > Lire la suite
Le 1er janvier 1935 Ensuite elle a pris son bain. Je me suis assis à côté de sa baignoire. C'est vrai ce que je lui ai dit des mille nuances de tendresse que me font éprouver certaines de ses façons de me faire plaisir, de se montrer tendre elle-même. Pour la première fois de ma vie, je trouve une femme à qui pouvoir parler de cette sorte. J'ai même fini par tourner cela en plaisanterie, en disant qu'il m'arrivera peut-être, moi qui ai toujours célébré uniquement le derrière, de tomber dans l'amour platonique, en quoi m'aidera la nature un jour en me supprimant tous moyens. Du Journal particulier de Paul Léautaud, on connaissait l'année 1933, publiée au Mercure de France en 1986. Aujourd'hui, c'est l'année 1935 qui paraît. On y lit des épisodes restés inédits de la relation amoureuse complexe de Léautaud et de Marie Dormoy. Le Journal particulier de 1933 était essentiellement érotique. Ici, Léautaud n'est plus occupé uniquement de prouesses sexuelles. S'il reste souvent d'une extrême crudité, l'écrivain avoue connaître l''amour fou' et y puiser le bonheur d'écrire. Pourtant, désorienté par la passion qui l'a saisi, il accable Marie Dormoy de violentes scènes, innombrables et répétitives, qui forment l'une des trames de ce Journal particulier. Au plaisir de la possession physique de la femme aimée succède toujours la jalousie qui habite l'amoureux qu'il est devenu, à plus de soixante ans.