La gêne éprouvée par le moderne à l'égard de la religion n'étonne plus. Il se comporte, en effet, comme si la religion était frappée d'un interdit.... > Lire la suite
La gêne éprouvée par le moderne à l'égard de la religion n'étonne plus. Il se comporte, en effet, comme si la religion était frappée d'un interdit. La religion est peut-être véritablement devenue une chose « interdite », une chose dont on ne peut parler qu'à voix basse dans le cabinet du psychanalyste. L'homme de la modernité doit-il vraiment refouler la religion pour appartenir pleinement à l'âge du progrès ? Il est vrai que les églises se sont vidées, que les vocations sacerdotales se font rares, que la croyance dans le salut de l'âme est un thème risible et que l'enfer et le péché ne font plus contrepoids à la délibération morale. Pour être moderne, en fait, il semble qu'il faille dire non à la religion. La modernité exige-t-elle un tel renoncement ? Comment interpréter ce qui semble être une opposition entre modernité et religion ? En outre, la religion discrète et inquiète qui se pratique dans les marges des principales Églises a très peu été étudiée. Il convient, pour comprendre la religiosité vagabonde actuelle, de porter une attention particulière à la religion personnelle de nos contemporains. Il ne s'agit pas de prendre parti contre les processus de modernisation des activités humaines ou de déplorer que l'anthropologie moderne évacue les dimensions religieuses de l'existence, mais de mesurer l'écart entre ce que chacun vit et l'idée moderne de la religion. La lecture postmoderne esquissée dans ce livre vise explicitement à prendre la mesure de cet écart.