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Février 1941. Jérôme Carcopino, professeur d'histoire romaine à l'apogée de sa carrière universitaire, brigue le ministère de l'Education nationale du gouvernement Darlan. Davantage connu pour sa pléthorique production intellectuelle qui le classe parmi les meilleurs érudits du temps, que pour son bref passage au gouvernement de Vichy, Jérôme Carcopino avait laissé l'image d'un intellectuel libéral égaré en politique. Or les quinze mois passés à Vichy n'ont absolument rien d'une parenthèse dans une vie tout entière dédiée à la science. En matière d'épuration, comme dans la réforme du système éducatif, Carcopino effectue des choix politiques, intellectuels et institutionnels fondamentaux. Quelle fut sa marge de manœuvre dans un pays démembré par l'occupant au sein d'un gouvernement à sa solde ? L'originalité du livre tient d'abord à sa méthode : revisiter de manière rétrodictive la trajectoire politique, sociale et intellectuelle d'un historien happé dès 1940 par la collaboration d'État. Des coups de phare successifs éclairent les prises de position et les actions de Jérôme Carcopino, tout autant que les représentations qu'il véhicule. Les analyses, fondées sur des dépouillements abondants, confirment l'importance des réseaux de sociabilité dans l'accès aux allées du pouvoir. Elles renouvellent la compréhension de l'épuration, de la réforme éducative de 1941, et de la conception de l'histoire que s'était forgé Carcopino. L'itinéraire de Jérôme Carcopino rappelle ainsi combien les années noires furent l'occasion de choix individuels complexes et décisifs.
Stéphanie Corcy-Debray, agrégée d'histoire, docteur en histoire, est professeur en lycée et chargée de cours à l'Université de Paris I. Elle prépare un ouvrage sur la culture pendant l'Occupation.