Quand il a écrit son premier livre, Laurent Herrou vendait ceux des autres - à la FNAC de Nice. Est-ce que c'est de là que lui vient cette observation... > Lire la suite
Quand il a écrit son premier livre, Laurent Herrou vendait ceux des autres - à la FNAC de Nice. Est-ce que c'est de là que lui vient cette observation aiguë, mais centrée sur ces limites de soi-même, et comment elles se manifestent dans la relation à l'autre ?
Le deuil d'un proche, dans le préambule, met tout en abîme. La sexualité, certainement. Mais voilà le crime majeur : après son premier livre, le voici lui-même auteur en résidence, dans une maison de village, un village qui n'aime pas qu'on le regarde. Et qu'est-ce qu'un artiste, sinon ce dérangeur ?
Laurent Herrou pousse ce thème, mais en le gardant dans les figures obligées, celles du quotidien. Et c'est là où ce récit trouve son étrangeté ou sa force : dans ce qu'on dérange, qu'est-ce qui tient au doute où on est soi-même, sa propre timiditéà s'imposer, le labyrinthe où on est dans son propre travail, l'écriture qui se fabrique si lentement - et l'infini décalage qu'a produit ce fait pourtant simple, avoir écrit un livre ?
Ce récit alors dépasse largement l'expérience personnelle - réelle, fictive, ou à la frontière des deux - du narrateur. Laurent Herrou casse l'écriture avec une simple conjonction : le et qu'on emploie tous. Un et projeté délibérément contre lui-même, dans toutes les dimensions oùça fait mal. Travail sur la peur. Peur des autres, moins que peur de soi-même.
On recommanderait cette lecture non seulement à quiconque se mêle d'écrire, mais à tous ceux qui ont charge de ces résidences à durée limitée, qui pullulent de plus en plus, pour que la société civile ait meilleure conscience, quant au traitement en général réservéà la chose artistique, et la littérature en particulier.
Au bout du compte, cela fonctionne parce que c'est l'écriture qu'on interroge. Non pas dans sa relation sociale, ça c'est facile, mais dans ce que cette exposition, cette sortie de soi, vous oblige à radicaliser en vous. Frôlant les zones dangereuses de la folie, même si c'est seulement hors livre qu'on sait que la résidence de Laurent Herrou l'a conduit à intervenir dans un établissement psychiatrique.
analyse de "laura" (Lien -> http://www.froggydelight.com/article-7132-Laura.html) (balland, 2000) :