Catherine Breillat n'a jamais raconté qu'une seule histoire : la sienne, celle d'une jeune fille interdite d'existence qu'on aura, dès l'enfance, coupée... > Lire la suite
Catherine Breillat n'a jamais raconté qu'une seule histoire : la sienne, celle d'une jeune fille interdite d'existence qu'on aura, dès l'enfance, coupée en deux, écartelée entre son cerveau et son sexe, marquée par la honte d'être née femme. Elle est devenue cinéaste à une époque où choisir cette vocation consistait à désobéir à tout le monde. Depuis son premier film, Une vraie jeune fille (1975), jusqu'à L'Été dernier (2023), elle filme pour reprendre ce qu'on lui a volé, pour explorer ce qu'elle appelle l'« infilmable » : cette inépuisable zone grise du féminin où honte, transgression, volupté, dégoût et quête de soi s'entremêlent jusqu'à se confondre. Son ouvre formule un lancinant « Connais-toi toi-même », un voyage spirituel qui, pour ses héroïnes, s'articule comme une guerre ouverte avec l'autre sexe. Parler avec Catherine Breillat et l'écouter, c'est obtenir des réponses qui tiennent autant de la leçon de cinéma que de la survie.
Murielle Joudet est critique de cinéma (Le Monde, Les Inrocks, Cahiers du cinéma, Le Cercle sur Canal+). Elle a publié trois essais : Isabelle Huppert - Vivre ne nous regarde pas (Capricci, 2018), Gena Rowlands - On aurait dû dormir (Capricci, 2020, prix CNC du meilleur livre de cinéma 2021), et La Seconde femme : ce que les actrices font à la vieillesse (Premier Parallèle, 2022). Elle a également coécrit Alfred Hitchcock - La Totale (E/P/A Éditions, 2019).