Jacques Bainville est-il vraiment mort ? À notre humble avis, il n'est qu'endormi. Il nous appartient de le réveiller. En général, quand on parle... > Lire la suite
Jacques Bainville est-il vraiment mort ? À notre humble avis, il n'est qu'endormi. Il nous appartient de le réveiller. En général, quand on parle de lui, c'est pour évoquer les deux grandes guerres mondiales de 14-18 et 39-45, qu'il avait annoncées, ainsi que son long combat contre Hitler et la renaissance de la puissance allemande pendant l'entre-deux-guerres. On rend alors hommage à sa perspicacité et on regrette que ses conseils n'aient pas été écoutés. On conclut vite que le problème allemand n'existant plus, ses idées sont périmées. C'est faire preuve de courtes vues. Est-il si sûr, en effet, que ce problème ait disparu ? Car il suffirait que les deux États allemands actuels, de l'Est et de l'Ouest, soient réunifiés en une seule grande et forte Allemagne, pour qu'il resurgisse tout à coup à l'ébahissement général. Mais Jacques Bainville ne s'est pas occupé que de l'Allemagne ou de politique étrangère. Il a abordé bien d'autres sujets de politique ou d'économie. Que ce soit sur le socialisme, la démocratie parlementaire, l'étatisme envahissant, les dictatures, l'inflation, la dégradation de la monnaie, le capitalisme, les impôts. ses vues sont toujours d'une actualité criante. Surtout, il a établi les règles d'une politique gouvernementale saine et efficace, qui sont valables pour tous les temps et pour tous les pays. Gouverner, c'est prévoir, disait-il. Et pour prévoir, il faut se souvenir des situations analogues survenues dans le passé, rechercher systématiquement les causes et les conséquences, faire les rapprochements nécessaires et tirer les conclusions en se gardant de toute idéologie préconçue. La connaissance de l'histoire est alors aussi indispensable à l'homme politique que la fréquentation de l'hôpital à l'étudiant en médecine. Mais nos problèmes, direz-vous, sont spécifiques de notre époque, du jamais vu. Quelle erreur ! Lisez Bainville. Vous verrez qu'il en parlait déjà. Vous connaîtrez sa pensée à leur sujet. En tout cas, en utilisant sa méthode, vous saurez comment il en aurait parlé. Avouons que, par le temps qui court, cela en vaut la peine.