Un autre, c'est un second être qui est un homme comme moi ; aussi, puis-je désigner l'ensemble que je forme avec lui par le pluriel de je. Ce pronom... > Lire la suite
Un autre, c'est un second être qui est un homme comme moi ; aussi, puis-je désigner l'ensemble que je forme avec lui par le pluriel de je. Ce pronom personnel, devenu généreux, me permet de rester moi, tout en sortant de la solitude et en échappant au sec égoïsme. J'ai rêvé de ce nous, et cela m'a fait parcourir, en esprit, toute la condition commune des hommes. Le temps nous apporte à l'existence, et continue à nous porter comme un présent perpétuel, lequel, porte lui-même en souvenirs le temps accumulé. Oui, l'homme connaît ce qu'il a vécu, mais il ignore tant de choses de lui-même et de l'univers, n'ayant guère que la certitude natale d'exister... Heureusement, des idées jaillies de lui brillent çà et là sur son chemin et, d'autre part, il se sent enveloppé par la chaude présence de toutes les choses de la terre. Cela nous donne la possibilité et le devoir d'assumer la vie, c'est-à-dire la prendre en nous, et la vouloir aussi longtemps que nous serons en elle. Voilà ce que contient le nous, cette riche syllabe, et tels sont les thèmes selon lesquels j'ai cru pouvoir regrouper des poèmes nés dans la spontanéité, et le jour à jour de ce qu'on nommait, jadis, l'inspiration et que je préférerais appeler l'occasion de vie. J'ajouterai, pensant à des lecteurs éventuels, que chaque fois qu'un poème est lu, c'est un nous qui se crée.