Ismaïl Kadaré ou l'inspiration prométhéenne

Certaines œuvres d'Ismail Kadaré doivent être lues comme un palimpseste : sous la première inscription que l'on gratte, une plus ancienne voit le jour et sous l'albanais, le grec retrouve la lumière. S'inspirant des chants d'Homère, Ismail Kadaré insuffle à ses romans une valeur épique qui transcende le temps et l'espace : entre légende et vérité, la frontière se trouble. Imaginant une scène commune aux divers personnages de ses romans, il crée un univers grandiose avec son climat, ses saisons et ses hauts-reliefs.
Véritable monde-atmosphère, la Kadarie est le premier lien qui unit entre eux un grand nombre de ses romans. Au-delà des jeux intertextuels, Kadaré sonde le temps et remonte jusqu'à la lointaine mythologie née des passions et fantasmes humains. Il emprunte à Eschyle toute la tension tragique qui est nécessaire à sa propre littérature. Puisant un nouveau souffle dans la Grèce antique, il pose la question des origines de la tragédie et donne par le biais de l'Art une teneur universelle à ses écrits.
Ecrivain responsable face à l'homme, humaniste et progressiste, il choisit pour illustrer sa pensée de faire revivre un dieu plus humain que les hommes : Prométhée.