Le but de ce recueil est de faire le point, près de quinze ans après la chute de l'Union soviétique, sur les évolutions en cours dans cet espace,... > Lire la suite
Le but de ce recueil est de faire le point, près de quinze ans après la chute de l'Union soviétique, sur les évolutions en cours dans cet espace, en mettant l'accent sur la question religieuse et ses liens avec le politique. La libéralisation de la vie politique depuis la perestroïka fut en effet parallèle au "renouveau" ou au sentiment de "renouveau" religieux. Les nouveaux États d'Asie centrale ainsi que les sujets de la Fédération de Russie à majorité musulmane s'emparent donc de leur identité religieuse pour en faire un élément d'affirmation nationale et d'assise sociale du pouvoir politique. Cette imbrication du religieux, du politique et du national n'est ni nouvelle ni spécifique à cet espace. Elle s'inscrit dans des processus plus généraux, au travers desquels les sociétés post-soviétiques ont été jusqu'ici trop rarement analysées. Ces thématiques permettront, on l'espère, d'amorcer une réflexion plus générale concernant les liens paradoxaux qui émergent aujourd'hui entre religion et politique, la première sachant profiter du phénomène de "globalisation" actuelle pour investir de nouveaux espaces publics et se présenter comme l'une des matrices des identités collectives et individuelles. L'islam, en ex-URSS comme ailleurs, n'est pas un isolat culturel, il participe de la mondialisation et des phénomènes de recomposition du religieux que sont l'individualisation de la croyance, sa participation aux identités "néo-ethniques", sa formulation en termes d'anti-mondialisme, etc. Ce recueil n'est pas centré sur des questions d'islamologie mais cherche à étudier sur le mode politiste l'islam post-soviétique, en le mettant au diapason des autres pays musulmans mais également de l'islam européen, particulièrement pertinent pour comprendre le cas russe. Les auteurs de cet ouvrage espèrent prouver la nécessité du maintien d'une réflexion englobant l'ensemble de l'aire post-soviétique : la dissociation étatique des anciennes républiques en 1991 ne signifie pas l'impossibilité de schèmes d'analyse communs ni l'absence d'une certaine unité de développement de ces pays sur une quinzaine d'années.