Enfant, André-Paul Duchateau dévore les aventures du détective japonais Iké Terouka, qui paraissaient dans un illustré pour jeunes. Ces premières lectures éveillent en lui un insatiable appétit d'écriture de romans policiers, un genre dans lequel il excelle, puisqu'il publie son premier polar à... 16 ans ! Les années qui suivent le verront creuser cette veine avec une productivité peu commune. Mais, en 1955, il opère un virage radical suite à sa rencontre avec Tibet, qui l'introduit au Lombard, et avec lequel il lance le célèbre « Ric Hochet ».
Une fois sur le terrain, Duchateau ne démérite pas, prouvant planche après planche sa capacité à écrire dans presque tous les styles, pour tous les auteurs. Une polyvalence qui fait de lui un choix idéal pour remplacer Henri Desclez à la tête du journal Tintin, en 1976. Il orientera encore davantage le célèbre magazine vers le récit d'aventures moderne, qui emprunte au cinéma ou aux séries TV. Auteur de nombre de séries d'alors (« Les Casseurs », « Hypérion », « Udolfo »), il rend sa casquette en 1979, pour redevenir scénariste et romancier à part entière, et renouer avec sa légendaire et pléthorique productivité.
En effet, toutes ces années durant, il n'a jamais cessé d'écrire des polars, et d'engranger les prix littéraires. C'est donc assez logiquement que le Lombard fait de nouveau appel à lui, en 1989, pour diriger la collection « BD Détectives », qui réunit ses deux plus grandes passions. Depuis, même s'il a un brin levé le pied, il continue d'écrire les aventures de Ric Hochet et des polars. Les deux se rejoignant même parfois...
On a souvent désigné Kas comme l'héritier spirituel de Grzegorz Rosinski, non sans raisons.
Polonais, tout comme le dessinateur de Thorgal, Kas fait la connaissance du maître au festival de Sierre. Impressionné, ce dernier lui propose de reprendre Hans, série fantastique créée avec André-Paul Duchâteau. Rapidement, la jeune pousse confirme le pressentiment de Rosinski. Son trait réaliste très fouillé permet d'assurer une transition idéale, véritable tremplin d'une carrière de grand dessinateur.
Féru d'histoire et d'Amérique, Kas prend son envol avec Les Voyageurs, sur un scénario de Mc Leod, qui nous emmène dans les grandes plaines du Nouveau Monde, au XIXe siècle. Quelques années plus tard, il effectue un bond temporel d'un siècle, pour illustrer le Halloween Blues, de Mythic, qui se déroule dans les États-Unis des années 50. Ses superbes couvertures peintes ne sont pas sans évoquer des peintres tels que Hopper ou Norman Rockwell, tandis que ses pages intérieures mettent en valeur son sens du cadrage et du jeu d'acteurs.
Kas est de ces dessinateurs qui laissent parler l'émotion sur les visages, créant une véritable empathie chez le lecteur.