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Comment peuvent être pensés, au-delà des idées convenues, les fondements de la crise sociale dans la modernité tardive ? Le travail des auteurs de l'ouvrage Guerre civile et modernité consiste, sur plusieurs terrains significatifs (politique, économie, sociologie, art...), à évaluer les ravages d'une philosophie qui a pour particularité de détruire à la racine la possibilité du lien social naturel, pour ensuite tenter de le recréer au moyen de divers artifices. Dans l'ordre naturel des choses, la vie sociale est un don reçu au même titre que la vie tout court. Mais la modernité, en se dégageant de la société traditionnelle et des forces morales qui l'ont défendue, au premier rang desquelles l'Eglise, ne laisse place qu'à la théorie sociale reposant sur l'affirmation de l'autonomie et de l'exaltation de l'individu, du primat de sa volonté. Cette mesure de toutes choses de l'humanisme moderne ne conduit-elle pas naturellement au déracinement et à la perte d'identité, lesquels annoncent le désordre et la guerre civile permanente, la fin de l'amitié politique ? Pourtant, n'est-ce pas concrètement le modèle proposé comme cadre normalisé de l'expression sociale ? Et s'il existait une antinomie entre le modèle social issu de la modernité et la notion de bien commun comme forme la plus élevée du bien de chaque membre du corps social ? C'est la grande force de cet ouvrage collectif d'analyser en profondeur les multiples processus mis en place par la modernité tardive pour imposer sa violence intrinsèque au coeur de la relation entre les personnes, et de la relation sociale comme moyen de domination.