Il est d'usage que durant leur formation les meilleurs artistes passent par une ou plusieurs « périodes » sans grand rapport avec leur ouvre ultérieure... > Lire la suite
Il est d'usage que durant leur formation les meilleurs artistes passent par une ou plusieurs « périodes » sans grand rapport avec leur ouvre ultérieure par laquelle on les admire.
Les premiers tableaux de grands novateurs comme Piet Mondrian et Kasimir Malévitch sont impressionnistes ou symbolistes, esthétiques déjà datées au moment où ils les peignaient. On ne verra rien de tel chez Geneviève Claisse dont l'ouvre est d'une grande continuité. [...]
Les ouvres les plus anciennes de Geneviève Claisse qui aient été conservées sont de la seconde moitié des années cinquante. Cette artiste n'est pas passée par le cycle traditionnel d'études de plâtres, de paysages et de modèles qu'on estime indispensable à la pratique de l'art. Les premières ouvres ne sont pourtant pas des juvenilia, mais déjà bien dans l'esprit de tout ce qu'elle fera par la suite. Tout se passe comme si elle avait pu garder en arrivant à l'âge adulte un précieux don d'enfance : le jeune enfant est naturellement abstrait, il entrelace des traits et des lignes, il boucle des formes [...] ; c'est peu à peu qu'on va lui faire comprendre que ces formes, ces traits qu'il trace à plaisir doivent figurer quelque chose [...] ; s'il va gagner en habileté pour imiter, il va perdre en imagination [...].
Geneviève Claisse avait gardé ce don d'enfance et, de surcroît, une évidente habileté manuelle.
Serge Fauchereau