" Y a-t-il en moi différentes âmes successives ? Ou suis-je un seul inconscient d'être ? " - De la sorte, Fernando Pessoa questionnait le désœuvrement... > Lire la suite
" Y a-t-il en moi différentes âmes successives ? Ou suis-je un seul inconscient d'être ? " - De la sorte, Fernando Pessoa questionnait le désœuvrement du sujet, auprès de notre modernité déchue du tragique, aux prises avec le techno-mercantilisme euphorique. L'intuition de Freud nous avait prévenus que les poètes (et les artistes) ont toujours précédé d'un pas le travail de la psychanalyse, pourfendant les arcanes de l'inconscient pour l'aire émerger ses rejetons déployés à fleur de l'œuvre d'art. Ainsi, F. Pessoa, qui se déclarait l'échafaudage de lui-même, dans son parcours d'œuvre-vie, nous a instruits des affres de devenir sujet non seulement de son désir mais répondant de sa parole devant tout autre. S'il se démène autour de la constitution du sujet, il en démonte la trame en quête du nœud (dé)coulant aux plis de l'énigme qu'il dessert. Il annonce le surplus de vérité qui des méandres en vadrouille fait retour. Les hétéronymes en sont les revenants. A la fois jalons d'un parcours et composants taillés à la démesure de la besogne d'être, ils témoignent des cheminements identitaires. Le voyage " interpersonnalitaire " des hétéronymes (ses autres) s'avère de la sorte non seulement la mise en scène de son être pluriel, mais l'ordonnancement thérapeutique individuel, voire " civilisationnel", à défaut de guérison parachevée.