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Le père n'a généralement pas bonne presse en littérature et la production francophone n'échappe pas à cette règle. Le père absent, volage, fou ou irresponsable de nombreux romans caribéens s'oppose le plus souvent au père dominant des ouvres maghrébines et africaines, tyran craint dans la sphère familiale mais impuissant devant le pouvoir colonial. Ces représentations ont donné lieu à des analyses qui reconduisent pour la plupart ce constat, mais en comparaison de l'attention portée à la mère, voire à l'enfant, le personnage paternel demeure assez peu exploré par la critique. Or réfléchir à la question du père dans les littératures francophones, c'est certes interroger la violence du système post-colonial qui a soit exacerbé le pouvoir patriarcal des sociétés traditionnelles, soit détruit dès la « scène primitive » la possibilité d'une paternité viable, mais c'est aussi tenter de voir dans quelle mesure l'imaginaire francophone a renouvelé ou fait évoluer cette figure pour sortir de ces paradigmes. Personnage romanesque ou ombre tutélaire, le père est exploré dans ce numéro comme figure parentale, symbolique et littéraire. Car penser les rapports au père ou à la paternité - et en particulier pour ce qui est des littératures francophones - implique également un retour aux écrivains fondateurs de la francophonie. Entre le désir de défier et la volonté de lui donner une voix, le père se révèle dans ce dossier sous de multiples visages, portraits riches et nuancés, loin des représentations stéréotypées qui ont fait sa réputation.