C'est l'action sociale qu'on assassine ! Ce « on », c'est la pensée unique et son principe de faire de l'argent à tout prix. Ce « on », c'est... > Lire la suite
C'est l'action sociale qu'on assassine ! Ce « on », c'est la pensée unique et son principe de faire de l'argent à tout prix. Ce « on », c'est les politiques et le triste spectacle d'une société française dont le degré de corruption est dénoncé ouvertement à la tribune d'un colloque international au siège d'Interpol à Lyon. Mais le « on », c'est aussi les éducateurs qui, par leur silence et leur manque d'engagement, se font les complices du crime commis. Certes, il est tout à l'honneur des éducateurs de respecter leur devoir de réserve, mais il n'y a pas d'action éducative sans l'affirmation d'une représentation claire de l'homme dans le monde. Aussi, c'est de leur devoir de dire la société qu'ils souhaitent, et renouer avec le militantisme qui est à l'origine de leur métier est le premier défi du temps présent. Le second est la capacité de donner à voir et à comprendre ce qu'ils font. Pour cela, les éducateurs doivent fournir une explication claire des outils que sont le projet individuel et le travail d'équipe. Mais ils doivent aussi sortir d'une culture de la réparation pour entrer dans celle du matérialisme pédagogique. Le modèle de l'éducation spécialisée, ce n'est pas l'éducation réussie d'Émile, l'enfant imaginé par Jean-Jacques Rousseau, mais l'éducation « ratée » de Victor, l'enfant sauvage pris en charge par Itard. Ce dernier fonde, sans le dire, le principe de l'éducabilité de chaque être et, s'engageant dans l'action, il prend le risque de manquer à la promesse : faire de chaque être le sujet de sa vie. Mais les éducateurs n'ont pas le droit de capituler face à ce risque sauf à devoir renoncer au progrès de l'humanité. À ce titre, ils doivent accepter d'être des « échoueurs ».