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Le cinquantenaire des indépendances des anciennes colonies françaises d'Afrique subsaharienne, acquises pour la plupart en 1960, offrait l'occasion d'un bilan et d'une réflexion sur le devenir de ces formations politiques où l'héritage étatique postcolonial semblait généralement tenir davantage d'une greffe plus ou moins réussie que du développement d'une tradition de centralisation politique locale. Pour l'essentiel, cet ouvrage reprend des contributions présentées lors d'un colloque tenu à Nouakchott en novembre 2010 à l'occasion des cinquante ans d'indépendance de la Mauritanie (28 novembre 1960).
L'introduction aborde la question des rapports entre histoire et mémoire dans le contexte d'une appropriation limitée, sinon marginale, de la mémoire étatique de la Mauritanie, fortement concurrencée par des identités de proximité à base « ethnique » et « tribale ». Elle propose des jalons pour l'écriture de cette histoire « commune » en même temps qu'un examen des fondements culturels et sociaux des formes particulières d'autoritarisme - « sultanisme » et « pluralisme monolithique » - que prend une administration des affaires publiques largement soumise aux effets du clientélisme et de la corruption.
L'ouvrage propose également des développements substantiels sur le thème de la « tribu » et de « l'ethnie » dans leurs rapports à l'État, à la fois dans le contexte mauritanien et d'un point de vue plus général. Il brosse, par touches croisées et bien documentées, un tableau des évolutions qu'a connues la société mauritanienne depuis l'indépendance, qu'il s'agisse de la situation socio-linguistique ; des progrès de la culture de soi et des nouvelles formes d'appropriation des corps et des esprits (en particulier parmi les femmes) ; des transformations des environnements urbains, tout spécialement de celui de la capitale, Nouakchott, à la croissance phénoménale ; ou des ouvertures sur les mondes extérieurs à travers la fonction d'espace de transit pour les migrants en partance vers d'improbables ailleurs.