Je suis née de mère cuisinière et de père gourmand. La génétique ayant ses lois et la chance ses droits, je fus élue gourmande et cuisinière.... > Lire la suite
Je suis née de mère cuisinière et de père gourmand. La génétique ayant ses lois et la chance ses droits, je fus élue gourmande et cuisinière. Mais alors que ma mère n'avait guère le choix, pour moi cuisiner en est un, et ce choix ne vaut que par le raffinement. Par raffinement, je n'entends ni caviar ni ortolans, mais la conscience que se nourrir mérite d'être pensé, ordonné et préparé avec plaisir, sinon avec amour. La cuisine est un fait de civilisation. Fondement du lien familial et social, ce geste enseigne le don, le partage et la joie de vivre. Art des saveurs et des nuances, il participe de l'éveil des sens permettant une relation heureuse à la nourriture, et par-delà au corps et à autrui. Aujourd'hui, trop souvent manger fait peur et nourrir ennuie. On mange donc de plus en plus vite, de plus en plus seul et de plus en plus mal des aliments désincarnés. Ce livre, à la fois témoignage et essai, dénonce cette forme de barbarie et montre que la cuisine, celle de la sagesse gourmande, est davantage affaire de désir que de temps, de mémoire que de savoir-faire, de culture que de moyens. Faire avec plaisir, voilà le secret. Réjouir, telle est la récompense. Il y va de notre santé, du lien social et du bonheur du goût. On sait combien les changements de modes de vie influencent les manières de se nourrir. Nous nous apprêtons à vivre autrement - moins de travail, moins d'argent, plus de temps - nous mangerons donc autrement. Pour le meilleur ou pour le pire ? Cela ne dépend que de nous.