Une femme parle, trop. Elle déroule les interprétations, épuisantes, qui n'épuisent rien, des manquements de l'autre à l'amour. Comme une folle.... > Lire la suite
Une femme parle, trop. Elle déroule les interprétations, épuisantes, qui n'épuisent rien, des manquements de l'autre à l'amour. Comme une folle. Comme tant d'autres avant elle. L'homme se tait, épuisé par sa parole à elle, agité par les convulsions qui le secouent dans l'impossibilité d'être avec ou sans elle. Il fait des bêtises, des saloperies d'homme ordinaire. Elle les note. Très vite, elle l'appelle « l'ombre ». Rarement, elle lui donne la parole, ou plutôt, elle la lui prête. Une histoire d'amour à ceci près : qu'elle consisterait en instants, qui ne se totaliseraient pas pour autoriser la continuité d'un récit. La vérité de chaque instant serait dite, soufferte, par une narratrice qui dit parfois « je », parfois « elle ». Elle n'a pas le savoir de l'autre. Pas le moindre. Cette ignorance est banale, surtout dans une histoire d'amour. Les scènes se juxtaposent, à travers les saisons, les années, les lieux (un village du cap corse, une cabane en Sologne, Paris) comme de petits éclats de souffrance, lents à éroder. Est-ce qu'on meurt de ça n'est pas une question.