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Classiquement, la psychologie fait du féminisme un objet extérieur à elle-même en se situant dans une position surplombante, d'où elle cherche à évaluer tant ses effets sur les individus et les groupes que la pertinence scientifique de ses thèses. Or, loin de constituer ce que cette discipline réduit à de simples prises de position idéologiques, le féminisme doit aussi être reconnu comme un ensemble d'épistémologies à même de révéler le caractère situé de tout savoir ou pratique psychologiques. Une telle perspective s'oppose au mythe positiviste d'une psychologie promettant de s'exprimer depuis ce que Donna Haraway appelle le « truc divin », qui consiste à tout percevoir de manière omnisciente.
Le présent ouvrage entend illustrer l'intérêt de cette opposition à travers des contributions relatives à la façon de mettre au travail les épistémologies féministes, aussi bien pour une critique des savoirs en psychologie que pour une pratique réflexive dans la recherche ou la clinique. Ces apports démontrent, chacun à leur manière et selon des localités diverses, que faire de la psychologie en féministe implique de lutter contre la prétention à la neutralité politique et toutes autres formes de dogmatisme scientifique susceptibles de maintenir, par les injustices épistémiques qu'elles potentialisent, un ordre social hétéro-patriarcal.